Le moulin Roger

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On peut lire dans un bail accordé par Monsieur Etienne Faustin Vidor, propriétaire à Guînes, au profit des époux Pierru - Demazeux, en date du 19 mars 187O chez Maître Level, notaire à Guînes, un article 10ème ainsi conçu 

10e . De tenir le moulin en bon état de réparations, ainsi que la treillière, les vannes, tournants, virants, d'entretenir avec le plus grand soin le rouage intérieur ainsi que les voiles des volants, et de participer par moitié avec le bailleur aux frais de réparations et d'entretien à faire aux dits rouages et voiles..."

 

L'article 11e ajoute encore l'obligation de" loger et apotager les ouvriers employés à faire les réparations et entretiens nécessaires au moulin",  ...

 

 

De quel moulin s'agissait-il donc ?

 

Pour cette fois, ce n'était ni un moulin à blé ou à moudre grains, ni un moulin à huile ou à tan, mais un moulin de pompage, un moulin destiné à l'assèchement du sol.

 

Il était situé en bordure du canal de Guînes à Calais, et à l'angle que fait ce cours d'eau à son confluent avec la Rivière à Bouzats, au lieudit « La Commandance ... Il s'agissait du Moulin Roqez dont l'emplacement est encore marqué, aujourd'hui, par le Calvaire Rogez qu'on aperçoit après le "Grand Large" et de l'autre côté du canal en se rendant de Guînes à Calais.

 

Le cadastre de 1833 n'en fait aucune mention: le plan est vierge de toute construction en cet endroit, et, pourtant, nous possédons l'image de ce moulin, grâce au dessin à la plume que nous a laissé Eugène Brouttier.

 

Les spécialistes des moulins pourront s'y reporter pour en définir le type et les matériaux de construction. C'était certainement un moulin à toit tournant mais il n'en reste aucun vestige.

 

De l'analyse des titres de propriété aimablement prêtés par la famille Rogez, il apparaît que ce moulin a été édifié entre 1863 et 187O, par Etienne Vidor, cité plus haut.

Dessin de E.Brouttier

Lorsque celui-ci acquit les terrains au Marais, lieudit "La Commandance", soit près de six hectares, d'une Demoiselle Delhaye. en 1863 (1), il n'était pas question de moulin. Or, quelques années plus tard, en 1870, nous trouvons le bail dont nous avons cité un extrait ci-dessus ; bail portant sur une maison située à Guînes, section du Marais, au lieudit « La Commandance, avec dépendances,"et terrain à usage de culture et pâturage et eau, contenant environ 5 hectares, 90 ares, 80 centiares, avec moulin à extraire l'eau, tenant..." vers midi à la Rivière à Bouzats et vers levant à la Rivière de Guînes".

Ce moulin est, par la suite, cité dans les actes qui assurent la dévolution desdits immeubles. Nous le retrouvons dans la désignation de cette propriété dans deux partages de 1876 (2) et en un autre partage de 1907 (3).

" Le partage de 1876 précise que les bâtiments et le moulin pour extraire l'eau dans les parties basses du terrain, ont été construits pour le compte particulier de feu Etienne Faustin Vidor, bien que le terrain ait été alors dans l'indivision avec son frère Henri Vidor.

 

 

Pourquoi alors le nom de Moulin Rogez ?

 

C'est que Monsieur Vidor-Fontaine, le bâtisseur du moulin, décéda sans postérité en 1876; il a laissé pour légataires ses neveux et nièces au nombre desquels Charles Rogez, qui a recueilli ce bien en partage. Entré dans la famille Rogez en 1876, il y est demeuré depuis lors.

 

Photographies d'époque ( Louis Tiran)

 

Que peut-on dire de la disparition du moulin ?

 

Eugène Brouttier a ajouté, par la suite, à la légende de son dessin, une mention d'une écriture un peu différente: "démoli en 1915 "...

Faute de renseignements par ailleurs, il nous faut croire à cette indication.

Un inventaire notarié de 1916, faisant état de l'origine de la propriété, comprend encore le moulin dans sa désignation ; il omet de mentionner sa démolition mais fait état des travaux importants effectués par Monsieur Louis Rogez, fils de Charles, pour éviter l'immersion continuelle de son manoir. " Il semble que le moulin se soit montré tout à fait insuffisant pour étaler l'arrivée des eaux dans cette partie basse du Marais. Monsieur Roger préféra donc relever le niveau du sol par un apport de terres qu'il fit amener à grands frais par les petites péniches alors appelées "bateaux guînois" ou "guînoises". Sans nul doute, les débris du moulin se trouvent ensevelis dans ce remblai.

 

Le Moulin Rogez vécut donc une cinquantaine d'années. Il faisait partie du décor pour les bateliers arrivant à Guînes et disait au revoir de ses grands bras à ceux qui s'éloignaient vers les canaux du littoral.

Il faut aussi lui donner sa place dans l'histoire des Wateringues et de l'assèchement progressif de nos basses terres du Marais de Guînes.

Malgré son caractère très particulier, il était juste de lui réserver un petit chapitre dans cette étude sur les moulins du Pays de Guînes.

 

note:

Quatre dés (maçonnerie) à l'entrée d'une pâture entre l'ancienne voie de chemin de fer et la ferme Pottez seraient les bases encore visibles de ce moulin.

 

De ce fait, ces anciennes fondations prouveraient que ce moulin n'était pas construit en bordure du canal de Calais comme l'est actuellement le "Calvaire Roger" mais à une centaine de mètres de la berge.

R.Matte