La Grande Guerre

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Nous vous proposons ci-dessous, un résumé de la causerie de Novembre 2008, donnée par Eric BUY, président de la Société Historique de Guînes, causerie consacrée aux différents aspects de la Grande Guerre de 14-18 dans notre région, base arrière de l'Armée belge.

Cette conférence se déroula à la maison de l'Enfant, rue du Bel Air -Guînes-


Mais avant cela, quelques grandes dates et événements.

1909 :

début des travaux de remplacement des tramways hippomobiles par des tramways à traction électrique. Inauguration de la ligne "les fontinettes - le Batelage" le 1er mai 1910.

 

1910 :

 

Première sortie de la musique municipale réorganisée par Edouard Mantez.

Installation à Guînes du docteur Matringhem qui succède au docteur Brune1le qu'il a fallu conduire dans un asile d'aliénés.

 

Défilé de la Société de gymnastique, la Jeanne d'Arc, accompagnée d'une nouvelle société de musique dirigée par MI' Hiart, chef révoqué de la musique municipale.

 

1911 :

Mort d'Alphonsine Verne, figure populaire de Guînes. Toute sa vie, la marchande d'allumettes soufrées fit plusieurs fois par jour le trajet Guînes - Calais pour vendre ses allumettes.

 

Fuite de Mr Malras, le directeur du pensionnat de l'Etoile qui laisse un passif de 30 000 francs et est poursuivi pour attentat aux mœurs sur certains élèves.

 

1912 :

 

Réélection de Narcisse Boulanger au poste de maire de Guînes. Dans le conseil municipal, seul l'adjoint Renault, battu, est remplacé par Boulanger-Lamarre, républicain socialiste. Cette élection donne lieu à un défilé des deux Musiques.

 

- à noter les grandes rivalités entre des associations œuvrant dans des disciplines identiques mais sous des bannières politiques différentes : musique, gym, ...idem pour les écoles.

Réussite des premières ducasses de quartiers dont la première est organisée par un nommé Pierru.

 

Condamnation d'une sage-femme de Guînes à cinq ans de prison pour pratique d'avortements.

 

Condamnation de Mr Malras à quatre ans de prison pour attentat aux mœurs.

 

1913 :

Accentuation de la crise économique. Guînes est durement touché. 47 maisons vides. Un point positif cependant: ouverture rue Joseph de la fabrique de plumes Blangy-Pourre.

Fixation de la date de la ducasse du bois du ballon au mardi suivant le premier dimanche d'août.

 

1914 :

Election au poste de député de Narcisse Boulanger, déjà maire et conseiller général.

 


                             Le résumé

 

En 1914, la ville de Guînes est une petite cité ouvrière de 4400 habitants dont la force économique repose essentiellement sur l'agriculture.

 

Durant cette guerre de grands sacrifices, la ville de Guînes est ville de garnison pour l'armée belge ( de 1914 à 1917 ).

 

Les premières rumeurs de guerre n'arrivent à Guînes qu'en juillet. Les soldats en permission sont rappelés. Une mère dit même: "que la guerre est proche, qu'elle sera terrible, qu'elle ne durera pas plus de quinze jours". Mouvements de panique dans les banques. Les commerces se vident.

 

Le 1er août 1914 : mobilisation générale. C'est un vrai coup de massue pour les habitants guînois; annulation des fêtes. Installation d'un poste militaire au réservoir d'eau du Moulin aux corneilles. La phobie des espions se répand avec l'arrivée des militaires et des nouveaux civils.

 

Le 4 août: l'Allemagne déclare la guerre à la France. La ville de Guînes est calme; le commerce est nul; il faut un sauf-conduit pour sortir de Guînes; 250 guînois partent à la guerre.

 

Narcisse Boulanger invite les habitants à ne pas être agressifs en cas d'arrivée des allemands et à rentrer chez eux. n parvient aussi à obtenir des banques un emprunt de 30 000 francs pour prévoir des éventuels rançonnement de la part des ennemis. Cachée dans le jardin du maire par le garde, cette somme ne sera jamais retrouvée.

Les deux premiers blessés guînois sont Ezèque et Boutoille. On assiste à une arrivée massive de réfugiés qui sont logés dans des immeubles réquisitionnés. Tout cela laisse entrevoir une arrivée proche de l'ennemi.

 

En octobre, le maire sentant l'arrivée imminente des allemands renouvelle son appel au calme. Il déclare qu'il restera à son poste et invite les habitants à faire de même. 

Quelques jours plus tard, ce sont les premières troupes du régiment belge qui arrivent en ville: environ 250 cyclistes, cavaliers et fantassins. Si ceux-ci sont d'abord pris pour des allemands, les quatre bataillons de cavalerie belge qui entrent à Guînes le lendemain sont accueillis en fanfare. Des troupes anglaises et coloniales passent aussi par Guînes mais n'y restent pas.

 

Guînes devient dès lors ville de garnison et un va et vient de troupes belges va se renouveler régulièrement. Les revues de troupes ont lieu sur la Grand-Place. Pour les guînois, les conseils de révision sont de plus en plus fréquents.

 

 

La vie religieuse s'adapte: les messes sont dites tantôt en français tantôt en f1amand. Pour soutenir le moral des troupes et rehausser les cérémonies, les belges amènent avec eux la Musique des Guides, équivalant à notre garde républicaine. Et si les cérémonies françaises sont annulées, les fêtes nationales belges sont organisées à Guînes dans un entrain endiablé qui choque plus d'un habitant.


 

Les premières difficultés d'approvisionnement surviennent, notamment pour le tabac.

 

L'hiver 1914 est si vif que l'on doit supprimer la vigie sur le toit de l'église. Les hivers suivants ne seront pas moins rudes.

 

Les soldats belges consolent les guînoises; les médecins belges soignent gratuitement les habitants depuis que le docteur Matringhem est parti sur le front; des rencontres ont lieu entre militaires belges et citoyens guînois. Mais ces relations apparemment fraternelles sont assombries par des incidents mettant souvent en cause des soldats belges: vols, viols, rixes..., incidents qui se répéteront plus ou moins régulièrement et qui continueront avec l'arrivée des soldats français et des colonies.

 

En 1915, la liste des guînois morts pour la France s'allonge. L'angoisse se répand chez les habitants qui entendent les dirigeables et taubes allemands qui bombardent Calais. Les réfugiés calaisiens commencent à arriver.

 

 

 

Les militaires assurent des services habituellement assumés par les guînois : un poste d'incendie, muni de mitrailleuses est installé dans la rue du Bassin. De nombreux militaires belges vont alors partir pour laisser place à 700 hommes du Génie venus exploiter la forêt. Ils bénéficieront bientôt d'une scie mécanique. Une école de cavalerie belge s'installe à Campagne-les-Guînes.

 

La vie locale est toujours rythmée par les événements religieux et les trop fréquents conseils de révision. Les civils et notamment les enfants commencent à mourir, touchés par les pénuries alimentaires.

 

Les sujets de dissensions entre les belges et les guînois sont nombreux. A noter ici la présence à Guînes d'un officier belge peu commode: le major Michaux: après s'être illustrée dans de nombreuses opérations militaires, devenu trop gros pour diriger une troupe active, il est mis à la tête d'un dépôt puis arrive à Guînes à la tête de l'administration militaire. Le major Michaux est réputé pour être une forte tête. On peut citer plusieurs exemples:

- Un commerçant guînois, le sieur Flament, refuse d'obéir à une réquisition officielle (certains de ses bâtiments devaient accueillir les chevaux des militaires belges). Excédé par ses propos injurieux envers les militaires belges, le major assène un coup de poing sur la tête de Flament. Narcisse Boulanger fera des excuses publiques aux officiers belges.

- La même année, un arrêté préfectoral oblige les belges à payer l'octroi sur les marchandises qu'ils importent. Le major refuse cet arrêté et rappelle ses soldats partis aider les agriculteurs aux moissons. Il changera cependant vite de position.

- Enfin, lors d'une revue de troupes publique, le major sermonne et frappe deux de ses soldats qui se sont rendus coupables de larcins.

 

Un autre motif de dissension entre guînois et belges est relatif aux frais d'hospitalisation. L'ambulance belge établie dans l'hospice refuse de se soumettre à une augmentation des frais d'hospitalisation. Elle se retire alors dans une ancienne brasserie

 

En 1917, de nouvelles troupes belges font leur entrée dans la ville. Elles ne sont pas accueillis avec le même enthousiasme qu'au début de la guerre car elle coïncide avec une nouvelle flambée des prix. Certains officiers sont installés au château Mabille, d'autres sont logés chez Mademoiselle de Guizelin. Enfin certains viennent avec femmes et enfants.

 

 

A la fin de l'année 1917, suite à des différends entre l'administration municipale et l'administration militaire belge, les troupes belges quittent définitivement Guînes au grand dam des commerçants locaux. Ils sont remplacés dès le lendemain par les troupes françaises accompagnées d'un détachement de sénégalais et dirigées par le général Valentin.

 

L'hospice et les établissements scolaires sont réquisitionnés pour accueillir les blessés des environs.

 

L'hiver 17/18 est rude et les restrictions encore plus sévères. Au début de l'année 1918, un champs d'aviation est ouvert au Russolin et est entretenu par des prisonniers allemands. Cependant, et malgré la proximité des américains, les allemands s'approchent et les guînois commencent à fuir, les notaires évacuent leurs études vers Boulogne, les soldats partent de plus en plus jeunes. Une épidémie de grippe espagnole vient alourdir la liste des enfants et adultes morts à Guînes.

 

Dès l'annonce de la reprise des grandes villes du nord, la ville de Guînes, persuadée d'un armistice proche reprend des couleurs. Le 11 novembre, malgré un temps exécrable, l'enthousiasme est sans pareil à l'annonce de l'armistice.

 

Les guînois commencent à revenir du front en décembre et un fête est organisée en leur honneur en janvier 1919.

 

Les fêtes populaires se réorganisent. Narcisse Boulanger reçoit la légion d'honneur et est réélu maire.

 

En 1921, on rapatrie le premier poilu mort aux armées et on inaugure en grande pompe le monument aux morts.

 

Au total, 169 guînois sont morts pour la France.

 

Après guerre, Narcisse Boulanger, Verdun, Foch, Joffre, Clémenceau, les poilus de la Grande Guerre entrent dans l'histoire locale en remplaçant les plaques des rues apposées dans la basse ville, rue du calvaire, Grand-Place, rue du temple, rue de l'église, place du marché aux bestiaux.

 

On peut noter qu'entre 1915 et 1918, de nombreux mariages seront célébrés entre jeunes filles de Guînes ou de la région et des militaires belges:

- entre 1915 et 1917 : 47 mariages enregistrés;

- en 1918, 15 mariages franco-belges sont enregistrés et ce, un an après le départ des troupes belges.

Eric BUY

Président

Société Historique de Guînes